Le Gaz: un vecteur de rapprochement géopolitique entre la Turquie et la Russie.
- Aurélien Olliveaud
- 16 janv. 2020
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 janv. 2020

Le mercredi 8 Janvier 2020, à Anapa en Russie,Vladimir Poutine et Recep Taygip Erdogan ont inauguré le gazoduc «Turk Stream» dans le contexte planant de tensions entre l'Iran et les États-Unis. Cette rencontre entre les deux hommes a laissé place à des discussions sur des questions épineuses comme celle de la Libye et de la Syrie.
Turk stream est un projet de gazoduc construit par le groupe russe Gazprom et son homologue turc Botas. Il se compose de deux tubes sous- marin de 930km, partant d'Anapa pour arriver à Kiyiköy. La capacité de ce gazoduc est de 31,5 milliards de m3 par an, dont la moitié est destinée à la Turquie et l'autre à d'autres états européens, par une connexion en Bulgarie. Ce projet a été annoncé le 1er décembre 2014 par Vladimir Poutine suite à une visite en Turquie. Le Turk Stream remplace avec le Tesla pipeline (qui relie le Turk Stream avec l'Autriche passant par la Grèce, la Serbie et la Hongrie), le projet South Stream. Il s'agissait d'un projet reliant la Russie au pays d’Europe occidental.
Le projet Turk Stream n'a pas été facile à mettre en place et des difficultés sont apparues dans les relations entre Moscou et Ankara. Le projet a été gelé le 26 novembre 2015, à la suite de la destruction d'un chasseur russe par l'aviation turque qui avait fortement détérioré les relations entre la Russie et la Turquie. On ajoute à cela des intérêts divergents et des oppositions dans la gestion du conflit en Syrie et en Libye. Suite aux améliorations des relations bilatérales russo-turques, le projet a repris à partir d'août 2016. Le projet Turk Stream a pour vocation de permettre à la Russie de livrer ses hydrocarbures à l'Europe sans passer par
l'Ukraine. Pour la Turquie, le Gazoduc Turkstream présente un autre intérêt géopolitique, celui de pouvoir concurrencer le projet EastMed en Méditerranée orientale. Israël, Chypre et la Grèce visent l'exportation en Europe du gaz venant du nouveau gisement Israëlien Léviathan, via la Grèce.
L'inauguration du projet commun de gazoduc «Turk Stream» témoigne d'un récent rapprochement géopolitique entre les gouvernements turc et russe. En effet, entre des contrats énergétiques de première importance et une table de négociation commune au sujet de la résolution du conflit Syrien. La Russie et la Turquie affichent une perspective de relation cordiale en vu de leur intérêt commun. Or, ces relations ont pu être conflictuelles dans le passé sur le sujet des conflits en Syrie, en Libye, avec l'intervention d'incidents militaires ou encore sur des questions antérieures comme la Tchétchénie et l'Arménie.
Cette inauguration a permis aux chefs d'États de revenir sur leurs positions concernant les points d'achoppement. Cependant, les deux hommes sont conscients des limites de chacun sur ces sujets.
En Libye, Moscou soutient le Maréchal Haftar qui mène une offensive contre le gouvernement de Sarraj, aidé par la Turquie. Or, le Kremlin émet des doutes concernant le Maréchal Haftar et entretient des relations avec Sarraj par le biais de Ramzan Kadyrov. En Syrie, avec l’offensive du régime soutenue par Moscou, la Turquie est menacée. La visite de Vladimir Poutine à Bachar al-Assad, à la veille de l’inauguration, est un message adressé au président Turc.
Ces accords bilatéraux sur l'énergie seraient donc une porte ouverte vers une amélioration durable des relations Russo-Turques et démontre un système d’alliance souple par le maintien de leurs positions sur les questions houleuses.
A.Olliveaud
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